À propos de...

Laurent Cicéron

Lorsque j’étais enfant, je partageais ma chambre avec mon jeune frère Éric.

Chaque soir avant de s’endormir, il me demandait :

« Laurent, raconte-moi une histoire ».

Je lui en inventais une.

C’est là que tout a commencé.

 

Après, j’ai écrit tout le temps. Des poèmes, des haïkus, des pensées, des histoires courtes, des contes, des nouvelles, des romans…

Je n’ai jamais cessé de lire et d’écrire tout en menant une vie familiale et professionnelle dense et passionnante.

Et j’ai suivi des ateliers d’écriture pour progresser…

 

J’aime raconter des histoires. 

Pour celles et ceux qui aiment les entendre.

Pour moi, écrire c’est : ressentir, créer, partager.

Et ainsi faire face au chaos du monde.

Premier roman

Faites-le taire !


de Laurent Cicéron

Georges Burbane mène une vie tranquille jusqu’à ce qu’un jour, il rencontre Cyrano de Bergerac. Dès lors, des phénomènes étranges font irruption dans son quotidien, et sa santé mentale est ébranlée. Cette rencontre extraordinaire va bousculer sa vie casanière et le conduire vers l’inconnu.

Un roman déjanté, drôle et poétique.

Extrait :

  C’est l’heure. Les trois coups. Le rideau s’ouvre. Pour le moment, Georges reste en retrait. Encore quelques secondes à patienter. Voilà, c’est à lui. Il bondit sur les planches. Il n’est plus le craintif Georges Burbane. Il n’est plus le pire-que-casanier. Il n’est plus l’homme des listes. Il n’est plus le comptable des galettes. Il n’est plus le gardien du chat. Il est le téméraire, l’audacieux, l’exubérant, le libre penseur Cyrano de Bergerac.

  — Coquin, ne t’ai-je pas interdit pour un mois ? hurle-t-il.

  Soudain, un éclat de lumière l’aveugle et le stoppe dans son élan. Lorsqu’il
rouvre les yeux, tout a disparu : le plancher, le décor, le rideau, la salle, les autres
comédiens, les fauteuils, le public. Il n’y a plus rien…

Avion

Passe l’avion

Comme un trait de flèche

Et laisse dans nos yeux

La trace d’un rêve.

Passe l’avion

Et nous le regardons

Les visages engloutis

Nos mots hésitent

A habiller les cieux.

Passe l’avion

Comme une rayure d’espace

Dans un silence d’azur

Aux mille sourires d’argent.

Seuls restent dans nos mains

Les souffles des vents

Que nous trempons alors

Dans l’encrier

De notre humanité.

Chemin de pierres

Dans la vallée le silence

J’écoute la brume.

 

 

Trois canards au milieu du lac

Glissent en silence

Sur mon cœur émerveillé.

Ma poule est émotive

Dans mon jardinet, j’ai mis une poule. Elle est si grasse que je l’ai baptisée Kouign-amann.

Quand elle se déplace, on dirait un lutteur de sumo qui traverse un champ de mines avec des gloussements d’animateur radio.

Je ne m’en séparerais pour rien au monde.

Chaque soir, nous avons notre rituel.

Je me rends au fond du jardin pour humer la douceur de l’air et écouter s’endormir le jour. Là, face à la haie d’arbustes, je pisse tout en pensant à l’éventuelle existence de Dieu.

Kouign-amann me guette.

Dès qu’elle m’entend, elle sort de son enclos, se précipite vers moi, se dresse sur ses ergots et, immobile, m’observe d’un œil tendre.

Après avoir humidifié les herbes, je pose ma main sur sa tête en murmurant : je t’aime, Kouign-amann.

Alors elle tourne sur elle-même telle une toupie en perdition, puis s’arrête brusquement et dépose un œuf tout chaud.

C’est bien simple : chaque soir, je caresse la crête rouge de ma poule, et mon dîner est prêt.

On mésestime l’émotivité de la poule.

Riz ou spaghettis ?

Je frappe à la porte. J’attends en soufflant sur mes mains gelées. De la vapeur sort de ma bouche. Je me retourne. La neige recouvre la campagne. Le blanc efface la terre. Les branches des arbres griffent le ciel. On ne distingue plus la ligne d’horizon. Le temps s’est immobilisé.

Le fantôme de ma mère flotte dans la brume.

— C’est ouvert, murmure-t-elle.

J’entre. Mes yeux tâtent les murs. J’avance dans un couloir à peine éclairé tel un anthropologue, à la recherche de traces de mon passé. 

Dans la salle à manger, la table en chêne est toujours là, recouverte du napperon de dentelle de couleur jaune. Deux assiettes sont disposées l’une en face de l’autre, avec les couverts de chaque côté, les verres, et une bouteille de vin des Corbières. Un feu craque dans la cheminée. 

Mon frère m’attend…

Quand je crains d’arriver en retard à un rendez-vous, je ralentis afin d’être sûr de l’être.

Je m’emmerde tellement avec moi que je vais finir par m’y intéresser.

Un jour, un ange a débarqué chez moi. Il avait faim, froid et était tout nu. Alors on a regardé le match de foot à la télé.

Mais pourquoi faut-il toujours croire que ce que raconte un menteur est faux ?

neurone d'un menteur

Quand je pense à rien, je pense souvent que je pense à rien.

un coin de mon atelier d'écriture