Avion
Passe l’avion
Comme un trait de flèche
Et laisse dans nos yeux
La trace d’un rêve.
Passe l’avion
Et nous le regardons
Les visages engloutis
Nos mots hésitent
A habiller les cieux.
Passe l’avion
Comme une rayure d’espace
Dans un silence d’azur
Aux mille sourires d’argent.
Seuls restent dans nos mains
Les souffles des vents
Que nous trempons alors
Dans l’encrier
De notre humanité.
J’ai aimé
J’ai aimé la douce féérie
Suspendue à tes gestes.
J’ai aimé la caresse
Sous le lin de tes yeux.
J’ai aimé tes bras s’allonger sur la mer,
J’ai aimé tes mains glisser sur ma terre.
J’ai aimé m’enfouir dans tes failles.
J’ai traversé tes régions
Tel un vent sauvage
J’ai respiré ta voix et tes orages.
Sur la longueur du temps qui nous a rapprochés
J’ai posé des points de solitude
Comme on coud sur la toile
Des points de résistance.
Et j’ai aimé le chant du fleuve jeté à l’aube.
Elle
A la terrasse du café
Dans la forêt de ses pensées
Pose sur ses cheveux un geste apaisé
A la recherche d’un nom.
Sous la douceur de l’été
Tend son visage de reine.
Sur sa poitrine en feu
Passent des ombres.
Attend que revienne
Le bateau d’amours anciennes
D’hommes qu’elle a connus.
Ont laissé leurs mains en fleurs
Danser sur la colline perdue
Comme des ballerines sauvages
Et ont disparu.
Déplie son visage
Vers la lumière
Vers ces pays
Vers d’autres âges
Vers le port de ses attaches
Où son pied est ancré.
Le ciel l’étire.
Elle désire de la vie
Tout ce qu’elle peut donner.